Syndrome du muscle piriforme : causes, diagnostic et traitement
Le syndrome du piriforme (aussi appelé syndrome du pyramidal) est une affection touchant le muscle piriforme et par extension le nerf sciatique. De par son pourcentage faible comme cause de la sciatique et son diagnostic complexe à établir, ce syndrome, souvent lié à la pratique d'un sport, est bien souvent oublié des médecins. Il n'est d'ailleurs pas rare que les patients eux-mêmes soient obligés de guider le médecin vers ce diagnostic. Pour cette raison, il est particulièrement important d'en connaitre plus sur l'origine de ce mal et ses symptômes.
- Comment le muscle piriforme peut-il provoquer une sciatique ?
- Quelles personnes sont les plus touchées par le syndrome du piriforme ?
- Des symptômes spécifiques au syndrome du piriforme
- Un diagnostic difficile
- Combien de temps dure le syndrome du piriforme ?
- Comment traiter et guérir le syndrome du piriforme ?
Comment le muscle piriforme peut-il provoquer une sciatique ?
Le muscle piriforme (ou pyramidal) est un muscle pair (que l'on retrouve de manière symétrique de chaque côté du corps). Il est de forme conique et est attaché au niveau du sacrum, traverse la fesse, puis est attaché de l'autre côté au niveau du haut du fémur. Lorsque celui-ci est irrité, blessé ou gonflé, il peut appuyer sur la racine du nerf sciatique et ainsi donc provoquer une sciatalgie. Un pourcentage assez élevé de la population (entre 10 et 20%) a une malformation congénitale qui fait que le nerf sciatique passe complètement ou en partie à travers le muscle, ce qui favorise bien évidemment le syndrome du piriforme. Mais la majorité des syndromes du piriforme sont causés par une hypertrophie de ce muscle résultant de certaines pratiques sportives ou de problèmes morphostatiques comme une jambe plus courte que l'autre ou une boiterie répétée.
Quelles personnes sont les plus touchées par le syndrome du piriforme ?
Le syndrome du piriforme peut théoriquement toucher tout le monde mais on l'observe le plus souvent chez certaines populations aux pratiques spécifiques. On le retrouve d'une part bien plus souvent chez les femmes (avec un rapport de 6 femmes pour 1 homme) mais c'est avant tout la pratique de certains sports qui va largement favoriser l'apparition de ce syndrome. On le retrouve en effet très souvent chez ceux qui pratiquent la course à pied mais il peut aussi être présent chez les cyclistes ou tous les pratiquants de sports dits asymétriques, c'est à dire ceux où le poids du corps est souvent soutenu sur une seule jambe. C'est le cas du golf, du tennis, du hockey sur gazon, de l'escrime, etc... Certains mouvements répétitifs dans ces sports, s'ils sont mal pratiqués ou avec un mauvais matériel, peuvent provoquer un gonflement du muscle qui vient appuyer sur le nerf sciatique. Certaines activités professionnelles peuvent aussi provoquer ce syndrome. Il ne faut donc pas totalement éliminer la possibilité du syndrome du piriforme comme cause de sciatique même si vous n'êtes pas un grand sportif.
Des symptômes spécifiques au syndrome du piriforme
Les symptômes du syndrome du piriforme sont en partie ceux de n'importe quelle autre sciatique. Mais on note des particularités qui devraient aider à diriger le diagnostic. D'une part, la sciatique causée par ce syndrome est le plus souvent tronquée. C'est à dire que la douleur n'irradie pas dans tout l'arrière de la jambe mais s'arrête souvent sous la fesse ou au pire au dessus du genoux. La personne va donc ressentir le plus souvent une vive douleur dans le fessier qui va éventuellement irradier vers le haut de l'arrière de la cuisse sous le plis fessier. Dans le cas de ce syndrome, les facteurs aggravant vont être principalement la station assise prolongée, la montée d'escaliers ou la marche sur une surface inégale.
Un diagnostic difficile
De par son pourcentage assez faible comme cause de sciatique et sa relative méconnaissance par les médecins, il faut souvent du temps avant que le syndrome du piriforme soit diagnostiqué. Si vous pratiquez de manière régulière et intense la course ou l'un des sports mentionnés au-dessus, il pourrait être intéressant de consulter un médecin du sport qui aura probablement une plus grande expérience de ce syndrome. Une fois la possibilité du diagnostic évoquée, il devra être confirmé par plusieurs examens. Il faut souvent passer d'abord par une simple radio pour éliminer d'autres causes, puis passer un IRM pour confirmer un gonflement du muscle piriforme qui expliquera l'inflammation du nerf sciatique. Enfin, cela peut être complété par un EMG (électromyogramme), examen permettant d'évaluer le fonctionnement des nerfs et muscles afin d'obtenir un diagnostic encore plus précis.
Combien de temps dure le syndrome du piriforme ?
Comme les autres formes de sciatique, il est difficile de donner un chiffre même moyen pour la durée de la crise. Cela va dépendre de son origine puis de son traitement. Dans un petit nombre de cas, le syndrome est simplement lié à un effort intense ponctuel ayant occasionné l'hypertrophie du muscle. Dans ce cas un peu de repos suffira à faire disparaitre le syndrome en quelques semaines au maximum (souvent moins). Si le syndrome est lié à un problème morphostatique, typiquement un membre inférieur plus court, ce n'est qu'une fois le problème diagnostiqué, vérifié et traité (à l'aide d'une semelle notamment) qu'il finira par disparaitre. D'où l'intérêt de toujours consulter un médecin dans le cas d'une douleur qui persiste. Si le problème vient d'une pratique sportive intense comme la course et que la douleur persiste plus de quelques semaines, c'est souvent qu'il faudra passer par plusieurs mois de rééducation avant de voir celle-ci disparaitre complètement.
Comment traiter et guérir le syndrome du piriforme ?
Contrairement à une sciatique provoquée par hernie discale, le syndrome du piriforme ne nécessite que très rarement l'intervention de la chirurgie. Celle-ci peut s'avérer nécessaire uniquement dans les cas rares de tumeurs intra-musculaires ou lorsque les autres traitements ne se sont pas montrés efficaces. Dans le cas d'une jambe trop courte ou d'une boiterie, la fabrication d'une semelle orthopédique réglera en général le problème mais pourra tout de même être accompagnée de quelques séances de kinésithérapie afin de renforcer les muscles. Pour le syndrome du piriforme chez les sportifs, la guérison se fera grâce à deux choses. Tout d'abord, sur les conseils d'un médecin spécialisé ou kinésithérapeute, il faut adapter son matériel, principalement les chaussures pour les coureurs ou la selle pour les cyclistes, et modifier sa façon de s'entrainer. Pour les coureurs, on recommande par exemple de réduire la taille de sa foulée pour réduire les chocs sur le talon et donc l'arrière de la cuisse et de la fesse. Il faut ensuite passer par plusieurs mois de rééducation chez le kinésithérapeute. L'ostéopathie n'est pas recommandée car ces praticiens n'ont pas toutes les connaissances ou le matériel nécessaires pour une rééducation de qualité pour cette affection précise. Sans compter qu'à une séance par semaine pendant plusieurs mois, cela peut vite couter cher (l'ostéopathie étant encore très mal remboursée par la sécurité sociale ou la mutuelle). La rééducation se fait grâce à des massages du muscle piriforme et des ultrasons. Le kinésithérapeute fait également pratiquer des exercices et étirements visant à renforcer les muscles extenseurs, abducteurs et rotateurs qui épargnent le muscle piriforme.